Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24 novembre 2009

RDC : Le conflit congolais devant la CPI

Deux chefs de guerre de République démocratique du Congo (RDC) se retrouvent devant la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui sont accusés d'avoir dirigé en février 2003 l'attaque d'un village de la région de l'Ituri, alors que des groupes de combattants rivaux se battaient pour le contrôle des richesses de la région. Germain Katanga, 31 ans, commandait la Force de résistance patriotique. Mathieu Ngudjolo, 39 ans, dirigeait le Front intégrationniste national. Tous deux rejettent les sept chefs d'inculpation de crimes de guerre et les trois chefs d'inculpation de crimes contre l'humanité retenus contre eux.

Germain Katanga.pngMathieu Ngudjolo Chui.pngLe procès conjoint de deux chefs rebelles congolais devant la Cour pénale internationale (CPI) "sera l'occasion pour les victimes d'atrocités commises dans le conflit armé en République démocratique du Congo de voir ces deux accusés répondre de leurs actes devant la justice", souligne Human Rights Watch. L'ONG américaine rappelle dans une récente note les différents enjeux du procès et les charges qui pèsent sur les deux accusés :

"La présence de Germain Katanga et de Mathieu Ngudjolo sur le banc des accusés permettra enfin à leurs victimes de connaître toute la vérité sur les crimes à l'origine de leurs souffrances », a observé Param-Preet Singh, conseillère juridique auprès du Programme Justice internationale de Human Rights. « Ce procès servira par ailleurs à rappeler aux autres auteurs de violations des droits humains en Ituri et dans d'autres régions qu'ils risquent également de devoir répondre un jour de leurs actes devant la justice. »

Germain Katanga est l'ancien chef d'état-major de la Force de résistance patriotique en Ituri (FPRI), un groupe de milices de l'ethnie Ngiti. Mathieu Ngudjolo est quant à lui l'ancien chef d'état-major du Front nationaliste et intégrationniste (FNI), un groupe de milices de l'ethnie Lendu alliées au groupe de Germain Katanga. Les deux prévenus devront chacun répondre à sept chefs d'accusation pour crimes de guerre et à trois chefs d'accusation pour crimes contre l'humanité , dont l'utilisation d'enfants soldats, l'esclavage sexuel, des viols et des meurtres lors d'une opération militaire à caractère ethnique menée au début de l'année 2003. Cette attaque avait visé le « nettoyage » des civils de l'ethnie Hema dans le village de Bogoro, dans le district de l'Ituri situé à l'est du Congo. Depuis 1999, un conflit ethnique armé opposant les milices de l'ethnie Lendu et Ngiti aux milices du groupe ethnique Hema avait fini par échapper a tout contrôle en Ituri.

Outre leurs dépositions en tant que témoins, certaines victimes pourront, en vertu des règles de la CPI, jouer un autre rôle dans le cadre du procès. Bien qu'elles ne soient pas parties dans les procédures, les victimes pourront participer au procès et exposer leurs « vues et préoccupations » lorsque leurs intérêts personnels sont concernés, pourvu que cette participation ne soit pas contraire aux droits de l'accusé et aux exigences d'un procès équitable. À ce jour, les juges ont estimé que près de 350 victimes pourront participer au procès de Germain Katanga et de Mathieu Ngudjolo.

Le conflit en Ituri et les autres conflits à l'est du Congo mettent en lumière le rôle joué par les forces armées non congolaises dans la violence qui secoue cette région. L'Ituri en particulier est devenu un champ de bataille avec l'implication des gouvernements de l'Ouganda, du Rwanda et du Congo. Ces pays ont fourni une aide politique et militaire aux milices ethniques en Ituri et à d'autres groupes armés congolais, en dépit des nombreuses preuves de violations massives du droit humanitaire international commises par ces milices et groupes. Le procureur de la CPI, Luis Moreno Ocampo, a exprimé à maintes reprises sa volonté de traduire en justice les principaux responsables des graves crimes commis au Congo.

« Le procureur de la CPI devrait veiller à ce que justice soit rendue en Ituri en concentrant ses efforts sur le rôle des hauts responsables congolais, rwandais et ougandais qui ont armé et soutenu les milices dans cette région », a souligné Mme Singh.

Bosco Ntaganda se trouve toujours dans l'est du Congo, où il continue de commettre de graves exactions. En novembre 2008, il a dirigé une attaque sur la ville de Kiwanja dans la province du Nord Kivu, qui a fait quelque 150 morts parmi la population civile. En janvier 2009, il a été nommé général dans l'armée congolaise, après que son groupe rebelle, le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), eut accepté de renoncer à sa lutte armée et de rejoindre les forces gouvernementales.

L'État congolais a collaboré étroitement à ce jour avec la CPI. En 2002, le gouvernement du président Joseph Kabila a ratifié le Statut de Rome établissant la CPI. En avril 2004, le Congo a expressément demandé au tribunal d'ouvrir une enquête sur son territoire. Le procureur de la CPI a ouvert une première enquête en juin 2004 et le gouvernement congolais a ensuite aidé à l'arrestation et à l'extradition de MM. Lubanga, Katanga et Ngudjolo. Malgré cette coopération exemplaire, ce même gouvernement a refusé jusqu'à présent d'arrêter Bosco Ntaganda, en soutenant que son arrestation pourrait compromettre la paix déjà fragile dans le pays.

« Permettre à des criminels de guerre présumés tels que Bosco Ntaganda de diriger des troupes ne fait que donner le feu vert à ce dernier ainsi qu'à d'autres pour poursuivre leurs attaques contre la population civile », a déploré Mme Singh. « Le gouvernement congolais devrait arrêter Bosco Ntaganda, comme il l'a fait dans le cas d'autres chefs de guerre en Ituri. »

Des représentants des 110 États parties à la CPI doivent se réunir cette semaine à La Haye pour discuter des procédures de gestion et de surveillance de la CPI. Human Rights Watch a souligné l'importance d'une collaboration permanente des États et de leur soutien à la Cour sur le plan tant politique que financier, afin que celle-ci puisse s'acquitter efficacement de son mandat.
"

23 novembre 2009

RDC : L' ex-milice du MLC impliquée dans les violences en Equateur

Depuis presque un mois, les violences entre communautés Lobala et Boba se poursuivent dans le nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC). Ces affrontements ont déjà fait au moins une centaine de morts et 53.000 déplacés. Pour le ministre de l'Intérieur provincial, la rébellion "compte au moins 400 combattants démobilisés de l'ex-milice du Mouvement de libération du Congo (MLC)".

Carte Mbandaka 2.pngSur le terrain, 8 000 habitants ont fui la ville de Buburu dont les locaux du HCR ont été détruits et le personel évacué. Des affrontements ont également eu lieu à Sabasaba, à 25 km au sud-est de Dongo, faisant une dizaine de morts.

Si on présentent ces violences entre les communautés Lobala et Boba, comme un conflit au sujet de la gestion d'étangs piscicoles, cette "insurrection populaire dépasse les limites d'un simple conflit d'étangs" pour le ministre provincial de l'Intérieur. Il indique également à l'Afp quil s'agit d'une "rébellion en gestation menée par au moins 400 combattants démobilisés pour la plupart de l'ex-milice du Mouvement de libération du Congo (MLC)", principal parti d'opposition en RDC.

Pour Kinshasa, ces violences sont une "action de nettoyage ethnique criminelle". Et selon la MONUC, les responsables de ces groupes seraient "en train de recruter de jeunes gens, en leur proposant de l'argent". Pour l'heure, 53.000 personnes ont fui ces affrontements : 37.000 au nord du Congo-Brazzaville et environ 16.000 en RDC.

22 novembre 2009

RDC : La corruption se porte bien

Chaque année, Transparency International traque la corruption sur toute la planète. En 2009, la République démocratique du Congo (RDC) figure toujours parmi les pays les plus corrompus d'Afrique, malgré de minces efforts. La RDC se place en 38ème position sur les 47 pays de l'Afrique subsaharienne concernés par l'enquête et au 162ème rang mondial.

Image 2.pngLa RDC se situe sur la liste des pays disposant de nombreuses ressources mais qui ont obtenu un score inférieur ou égal à 2/10 sur l'indice de corruption. Comme l'Angola, la République démocratique du Congo, la Guinée, le Tchad et le Soudan, "ces pays disposent d'un potentiel qui leur permettrait de générer d'importants revenus et de fait, d'améliorer leur développement social, ils n'ont pas su mettre à profit leur richesses pour instaurer des programmes de réduction durable de la pauvreté ", note l'ONG Transparency International. "Au lieu de cela, l'existence de niveaux élevés de corruption au sein des industries d'extraction contribue systématiquement à engendrer stagnation économique, inégalités et conflits". Pour Tranparency International, "même si par comparaison avec d'autres pays de la région, certains Etats semblent améliorer leur score ou leur classement, il faut souligner que ces changements ne reflètent pas une amélioration réelle et durable de l'obligation de rendre des comptes au niveau local. En Afrique subsaharienne, les défis à relever dans la lutte contre la corruption restent d'actualité.3

Parmi les bons élèves figure le Botswana, le pays le mieux noté dans la région. Il occupe la 37ème place sur le plan mondial avec ses 5,6./10. Le rapport de Transparency International reconnaît tout de même que les gouvernements de la région fournissent des efforts pour endiguer la corruption malgré leur inefficacité. " Il est évident que de nouveaux engagements doivent être pris afin de mettre en œuvre des réformes et des législations anti-corruption et d'introduire des mesures préventives, y compris des programmes d'éducation " propose Transparency International.

RDC : La MONUC change sa stratégie contre les FDLR

En plein débat sur le "retrait progressif" des casques bleus en République démocratique du Congo (RDC), le chef de la MONUC, Babacar Gaye, veut instaurer de "nouveaux modes d'action" pour lutter contre les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Après 9 mois d'opérations sans véritables succès, les Nations-Unies veulent changer de méthodes.

Logo MONUC.gifLe responsable militaire de la MONUC, le général Gaye, affirme qu'il serait "pertinent d'évaluer la situation et de mettre en place de nouveaux modes d'action." Et de poursuivre : "plutôt que de se lancer dans des opérations de contre-guérilla, qui demandent des capacités, des moyens qui ne sont pas entièrement entre les mains des Forces armées de la RDC (FARDC), il vaut mieux contrôler les zones dans lesquelles les FDLR venaient habituellement se ravitailler.". Un changement de stratégique qui intervient en pleine polémique sur le retrait de la MONUC de RDC, où son action est vivement critiqué : manque de résultats et exactions multiples de l'armée régulière soutenue par les casques bleus. Une prise de conscience et un changement de cap qui intervient sous doute... un peu tard.

Christophe Rigaud

20 novembre 2009

RDC : L'Equateur, nouvelle poudrière ?

Les affrontements continuent dans cette province de République démocratique du Congo (RDC). Les trois derniers jours de violence en Equateur ont fait 11 morts et plus d'une centaine en 15 jours. La région de Dongo vit désormais aux rythmes des combats entre les Lobala et les Boba, deux groupes linguistiques de la même communauté qui se disputent un territoire de pêche.

Carte Mbandaka.pngPour le HCR, ces violances ont entraîné le déplacement de plusieurs milliers de personnes au Congo-Brazzaville voisin. Le nombre de réfugiés pourrait atteindre les 37.000. Le gouvernement congolais, qui semble débordé par la situation, a demandé l'appui de la Mission des Nations unies au Congo (MONUC) mais certains députés provinciaux appellent l'Etat à réagir face à la dégradation de la situation.

Les derniers affrontements qui ont fait au moins 11 morts ces trois derniers jours se sont déroulés à Saba Saba dans les environs de Dongo à environ près de 300 kilomètres au nord de Mbandaka, le chef-lieu de la province de l'Equateur.

Les Lobala et les Boba qui se partageaient jusque-là les activités de pêches, semblent avoir remis en question leur gestion communautaire ce qui aurait déclenché les hostilités. Les Lobala sont désormais sorti de leur secteur et auraient avancé jusqu'à 60 kilomètres de leurs villages en direction de Buburu vers le sud.

Si le gouvernement a envoyé des éléments de la Police d'Intervention Rapide pour repousser les assaillants, certains députés provinciaux, comme le coordinateur de l'Alliance pour la majorité présidentielle (AMP), Jean-Faustin Mokoma ont appelé les autorités centrales à donner plus de moyens pour mettre fin aux tueries. Kinshasa semble pourtant rester impuissante face à ce déchaînement de violence, alors que la majorité des tueries ont été commises à l'arme blanche et non par armes à feu.

Christophe Rigaud

17 novembre 2009

RDC : Les FDLR décapités

Coup dur pour les rebelles hutus des FDLR. Son chef politique, Ignace Murwanashyaka et son second, Straton Musoni, viennent d'être arrêtés en Allemagne, soupçonnés de crimes de guerre et contre l'humanité.

Image 1.pngA 46 ans, Ignace Murwanashyaka est à la tête les FDLR depuis 2001 et vit depuis 1989 en Allemagne. Il est soupçonné, avec son adjoint, d'avoir coordonné des exactions commises entre janvier 2008 et juillet 2009 par les FDLR, qui regroupent quelque 5.000 rebelles hutu rwandais installés dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC), à la région frontalière du Rwanda.

Ce coup porté aux FDLR survient alors que ce mouvement politico-militaire est l'objet d'une pression diplomatique et militaire croissante dans le cadre du processus de Nairobi, lancé en novembre 2007 par la RDC et le Rwanda. Ce processus, soutenu par l'ONU, l'Union européenne et les Etats-Unis, vise le désarmement de gré ou de force de ces rebelles, puis leur rapatriement. Dans ce cadre, l'ONU encourageait vivement l'Allemagne à agir.

Les FDLR, dont le chef militaire est le général Sylvestre Mudacumura, ont été créées en 2001. Kigali accuse certains de ses membres d'avoir pris part au génocide de 1994, qui a surtout visé la minorité tutsi du Rwanda et fait près de 800.000 morts selon les Nations-Unis.


14 novembre 2009

RDC : Les 11 provinces dans les mains de Joseph Kabila

Jean-Claude Baende, proche de l'Alliance de la majorité présidentielle (AMP) du président Joseph Kabila a été élu vendredi gouverneur de l’Equateur (nord-ouest de la République démocratique du Congo). Ce dissident du MLC, principal parti d'opposition, vient donc de faire tomber l'Equateur dans les mains de l'AMP. Jusque là, l'Equateur était l'unique province tenue par le MLC de Jean-Pierre Bemba. Proche de Kabila, Jean-Claude Baende remplace l'ex MLC José Makila, déchu par l’assemblée provinciale pour détournement de fonds publics... une bonne nouvelle pour Joseph Kabila à deux ans des présidentielles.

Carte de RDC.gifJean-Claude Baende est un ancien prêtre du diocèse de Mbandaka, capitale de l’Equateur et gouverneur intérimaire de la province, après la destitution de José Makila. Il a été radié du MLC en juillet dernier, avec lequel son parti (Union des démocrates et humanistes chrétiens) était en alliance. Il s'est ensuite rapproché de la majorité présidentielle qui contrôle désormais les 11 provinces de la République démocratique du Congo (RDC). Joseph Kabila et son alliance présidentielle sont aussi majoritaires à l’Assemblée et au Sénat. Avec une opposition MLC sérieusement sonnée par sa défaite en Equateur, un "chairman" en prison et une UDPS aux abonnés absents... Joseph Kabila semble bénéficer d'un boulevard sans encombre jusqu'aux élections présidentielles de 2011. Son unique et sérieux candidat, Jean-Pierre Bemba (leader du MLC) est en effet détenu depuis 2008 à La Haye par la Cour pénale internationale (CPI) qui doit le juger en avril pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis en 2002-2003 par sa milice en Centrafrique. Difficile de croire qu'une prochaine libération de Jean-Pierre Bemba intervienne avant le scrutin de 2011 et vienne ainsi entraver la réélection de Joseph Kabila. Mais attention, la politique n'est pas une science exacte.

Christophe Rigaud

13 novembre 2009

RDC : Jean-Claude Baende emporte l'Equateur

Les résultats provisoires de l’élection provinciale en Equateur (RDC) annoncent la victoire de Jean-Claude Baende par 60 voix sur 108. Le gouverneur intérimaire remplacerait donc José Makila à la tête de la province, son colistier François Mokako serait nommé vice-gouverneur.

Image 1.pngJean-Lucien Busa obtient 28 voix et Gabriel Bolenge, 20 voix. Les autres candidats ont trois jours pour faire valoir leurs recours. Les résultats définitifs seront connus le 24 novembre prochain.

11 novembre 2009

RDC : Elections sous haute tension en Equateur

Après les incidents interethniques de Dongo et la fusillade de Mbandaka hier, la situation est de plus en plus préocupante dans la province de l'Equateur, en République démocratique du Congo (RDC). L' Assemblée nationale a suspendu sa plénière, mardi, suite aux "tirs nourris" enregistrés à Mbandaka. Sur place, la campagne électorale se poursuit dans un climat très tendu. Le 13 novembre, les congolais de la province doivent en effet voter pour élire le gouverneur de la province.

Image 1.pngL'élection pour succéder au gouverneur provincial José Makila est décidemment bien mouvementée. Hier, la tension est montée d'un cran à Mbandaka, la capitale de la province de l’Equateur. Une fusillade nourrie a été entendue dans la ville semant la confusion au sein de la population. D"après le journal Le Potentiel, il s’agirait d'éléments démobilisés par le CONADER qui réclament le paiement de leurs droits. Le colonel chargé du paiement de leur solde aurait même été pris en otage. La police est ensuite intervenue pour disperser les manifestants, près du parc de la ville, à proximité du quartier général du candidat Gabriel Bolenge, créant alors la panique dans les rues.

Mais si les manifestations de "démobilisés", sont de plus en plus fréquentes en RDC, on peut se poser la question de la concomitance de ces violences avec les élections provinciales, qui se tiendront dans quelques jours. Des élections sous haute tension, notamment pour le parti de Jean-Pierre Bemba, le MLC, en pleine implosion. Le MLC a en effet choisi Jean-Lucien Busa pour porter les couleurs du parti, mais d’autres candidats sont également dans la course, comme Gabriel Bolenge, récemment exclu du MLC, ou Jean-Claude Baende, vice-gouverneur en poste. Le parti de l'ex vice-président de RDC, Jean-Pierre Bemba, joue gros dans cette élection. L'Equateur étant resté longtemps un fief imprenable du MLC. Emprissonné depuis presque 2 ans par la Cour pénale Internationale (CPI), Jean-Pierre Bemba doit se contenter de regarder se jouer la survie de son parti, depuis sa prison de La Haye... en spectateur.

Christophe Rigaud


RDC : Démission à la tête du CNDP

Désiré Kamanzi jette l'éponge. Le successeur de Laurent Nkunda à la présidence du Congrès Nationale pour la Défense du Peuple (CNDP) vient d'annoncer sa démission du mouvement rebelle, devenu parti politique après l'arrestation de Laurent Nkuda pour son ex allié rwandais. Désiré Kamanzi dénonce les lenteurs de la mise en oeuvre des accords de paix signés avec le gouvernement congolais il y a bientôt 1 an.

Logo CNDP.pngL'ex leader du CNDP explique dans un communiqué sa frustration et les atermoiements du processus de paix en République démocratique du Congo (RDC). Désiré Kamanzi constate "qu'après avoir signé les accords, nous avons demandé qu’il y ait tenue régulière du comité national de suivi, mais en vain. On s’est réuni une fois seulement à Kinshasa, deux fois à Goma, à la demande de la facilitation internationale. Personnellement j’ai réalisé que ça devenait une grande frustration de ma part". Selon radiookapi.net, "un membre du comité de suivi des accords de paix de Goma, ayant requis l’anonymat, a déploré cette situation et dénoncé la négligence du gouvernement à mettre en jeu des moyens nécessaires pour la mise en application de ces accords".

Les accords prévoyait l'arrêt des combats, la transformation des ex-groupes armés en partis politiques et l’intégration de leurs cadres dans la vie politique nationale. Des engagements que le CNDP attend toujours, même si l'ex rebellion a obtenu la libération de ses soldats prisonniers au mois de septembre dernier. L'intégration politique semble donc tarder... au risque de faire perdre patience à certains membres du CNDP.

Christophe Rigaud

08 novembre 2009

RDC : Mise au point du MPDC sur l'affaire Muamba

A Kinshasa, les menaces de mort à l'encontre du Secrétaire général du MLC, François Muamba, continuent de faire polémiques. Il y a quelques jours, AFRIKARABIA relatait les SMS menaçants qu'avait reçu François Muamba et ses craintes sur sa propre sécurité. Au centre de l'affaire, les messages signés de Joris Nkombe du MPDC (Mouvement Populaire de Défense du Congo) demandant la démission du Secrétaire général du MLC. Dans un droit de réponse, Joris Nkombe nie toute menaces de mort. Voici ses explications.

Logo MPDC.pngDans un communiqué du MPDC, Joris Nkombe réaffirme que, selon lui, François Muamba "n’est plus qualifié pour mener le combat de la libération. Et nous continuons a penser qu’il cache des choses aux Congolais". Mais Joris Nkombe rejette "avec force l’idée véhiculé de vouloir son élimination physique car il demeure dans le partie et est utile dans la grande stratégie qui regroupera l’ensemble de l’opposition parlementaire, extra parlementaire et la Diaspora". Toujours selon Joris Nkombe, contraindre à la démission François Muamba "ne veut nullement vouloir dire le tuer et neutraliser ne veut pas non plus dire tuer". Dont acte de ces déclarations.

Le MLC vit actuellement une période de turbulence intense. Les problèmes du mouvement semblent se concentrer sur François Muamba, qui doit gérer l'éloignement de Jean-Pierre Bemba (son leader, retenu en prison par la Cour pénale Internationale) et les radiations en cascade de candidats du MLC pour le scrutin provinciale en Equateur. François Muamba doit maintenant faire ses preuves et passer avec succès les élections provinciales de l'Equateur... en ne perdant pas ce fief historique du MLC. Si François Muamba réussi ce pari, il pourra sans nul doute arriver à asseoir son autorité. Sinon, le MLC risque de sombrer dans l'éclatement... en l'absence de Jean-Pierre Bemba.

Christophe Rigaud

RDC : José Makila tacle le MLC

Dans la bataille féroce qui agite le MLC en vue des élections de la province de l'Equateur, la voix de l'ancien gouverneur déchu, José Makila, se fait entendre. L'ex inspectateur général du MLC revient sur les radiations de Gabriel Bolonge et Ikoli Ndombo, qu'il juge "injustes" et "anti démocratiques". Il s'est confié à radiookapi.net pour dénoncer la politique du "deux poids, deux mesures" du MLC (Mouvement de Libération du Congo ).

Logo MLC.jpgJosé Makila n'y va pas par quatre chemins. Pour l'ex gouverneur de la province de l'Equateur (RDC), «on interdit aux citoyens congolais de postuler en tant qu’indépendants ! Mais, c’est aller à l’encontre de la constitution du pays ! Il y a un certain nombre de députés indépendants au sein du MLC. Pourquoi ces derniers ne sont pas suspendus ou radiés du parti ? ».
Le MLC reproche pourtant aux différents candidats radiés, de partir en ordre dispersé aux prochaines élections provinciales. La direction du parti de Jean-Pierre Bemba accuse aussi ces candidats de fragiliser le parti... au risque de perdre le fief du MLC.

Dans cet entretien à radiookapi.net, José Makila reconnaît qu’il existe des disfonctionnements au sein du MLC. L'arrestation de son leader, le 24 mai 2008 à Bruxelles et transféré, le 3 juillet 2008, à la Cour pénale internationale (CPI), ajoutant à la confusion au sein de l'exécutif du parti. Mais Makila accuse «un groupe des gens qui sont là juste pour donner de fausses informations au président national (JP Bemba) là où il se trouve (en prison à La Haye). Les informations transmises au président national sont biaisées au départ et c’est ça le résultat !».
Dans ce contexte de tensions pré-électorales, la présidente de la fédération du MLC/Mongala et membre du Bureau politique, Louise Ekpoli, a décidé de radier Gabriel Bolonge et le sénateur Ikoli Ndombo. Elle leur est reproché de s’être présentés comme candidats indépendants à l’élection provinciale, alors que le MLC avait choisi de soutenir le député Jean Lucien Busa. La radiation a ensuite été confirmé par la direction nationale du MLC... au grand désespoir de José Makila, qui restera un observateur attentif de ces élections, à défaut de pouvoir y participer. Mais une chose est sûre, le MLC ne ressortira pas indemne de ce scrutin.

Christophe Rigaud

RDC : Une centaine d'arrestations après les violences de Dongo

Suite aux dernières violences interethniques au nord-ouest de la République démocratique du Congo (RDC), une centaine de jeunes soupçonnés d'avoir tué une soixantaine de personnes fin octobre à Dongo ont été arrêté ce samedi. Les jeunes hommes étaient armés de pistolets et de couteaux et appartenaient à l'ethnie Enyele. Ces violences avaient provoqué le déplacement de plus de 15 000 civils.

Image 1.pngCes violences avaient débuté le 30 octobre au sujet de la gestion d'un étang naturel très poissonneux, dans la région de Dongo (à 300 km au nord de Mbandaka, en Equateur). La ville de Dongo avait été déserté, des cases ont été incendiées et s'en était suivi un pillage généralisé.

Le premier bilan dressé par les autorités avait décompté 11 tués, dont 7 policiers. Mais un décompte précis des victimes devrait être donné dans la journée, selon le porte parole du gouvernement congolais, Lambert Mende. Pour l'heure, les autorités congolaises minimisent ces événements, cantonnés à un ancien conflit ethnique, le quatrième depuis 1940, selon le gouvernement.

RDC : La MONUC revient sur son bilan

Alain Leroy, le secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des opérations de maintien de paix, vient de quitter Kinshasa après une semaine de visite en République démocratique du Congo (RDC). Objectifs : évaluer l'avancement du processus de paix. Selon Alain Leroy, la paix a connu "des avancées significatives". Un occasion de revenir sur la dernière année de mission de la MONUC en RDC.

Logo MONUC.gifAlain Leroy a tout d'abord souligné, lors de sa conférence de presse de départ, que "d'énormes changements ont été enregistrés dans le processus de paix en RDC par rapport à l'année dernière. J'étais venu l'année dernière exactement à la même période, c'est-à-dire début novembre. Et à l'époque, c'était une situation de crise, en particulier près de Goma lorsque le CNDP alors mouvement rebelle mené par Laurent Nkunda, actuellement assigné à résidence surveillée au Rwanda, était très menaçant. C'était une période de tension très forte. Evidemment je peux voir les grands progrès réalisés en un an. C'est vrai qu'il y a beaucoup de choses à régler. Mais, on est vraiment sur la voie de sortie de crise. Et le pays est sur la bonne voie".

La lutte contre les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) connaît également selon lui des avancées. "Tout ce qui a été fait pour la stabilisation de l'est en appui du STAREC (Programme de Stabilisation et de reconstruction des zones sortant des conflits armés), je crois qu'il y a beaucoup d'éléments très favorables", a ajouté Alain Leroy. Selon lui, d'énormes progrès ont été également faits dans l'intégration des groupes armés au sein des Forces armées de la RDC (FARDC),mais il faudra encore beaucoup plus pour arriver à une véritable armée républicaine, professionnelle, et disciplinée.

Pour revenir sur le massacre de 62 personnes civiles à Lukweti imputé aux unités des FARDC, Alain Leroy a rappelé que "nous ne pouvons pas soutenir une unité qui porterait atteinte aux droits de l'Homme. Et là évidemment, cibler les civils est un acte extrêmement grave. Et nous avons à l'esprit la politique de " tolérance zéro" du président de la République. Nous avons suspendu immédiatement notre soutien à la 213ème brigade". Il a également indiqué qu'une enquête conjointe détaillée pour établir l'ensemble des faits a déjà été ouverte.

En guise de bilan, Alain Leroy est revenu sur le rôle de la MONUC auprès de la population : " les civils apprécient énormément la présence de la MONUC pour contribuer à se sentir rassurées et protégées. Le soutien à l'opération Kimia II reste important et la présence de la MONUC dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu reste essentielle". Alain Leroy a indiqué qu'il a eu une discussion sur le mandat de la MONUC avec le président de la RDC, Joseph Kabila. Selon nos informations, un accord aurait été trouvé pour "reconfigurer le mandat de la MONUC, afin de la concentrer à des tâches essentielles pour consolider la paix en RDC". Reste à savoir lequel.

Christophe Rigaud

07 novembre 2009

RDC : Contrat minier douteux avec une société sud africaine

De nombreuses organisations de la Société civile protestent contre l'accord de cession de parts entre la société aurifère d'Etat (Okimo) et deux compagnies sud africaine (Randgold et Anglogold Ashanti Limited). Le gouvernement vient de décider de céder 20% de ses actions aux sud africains, portant ainsi sa participation à seulement 10%. Un véritable scandale pour de nombreux observateurs alors que le vice-ministre des Mines promettait encore, il y a quelques jours, de réviser 25 contrats miniers pour y corriger les "irrégularités et déséquilibres".

DSC04127.jpgPour ces organisations de la Société civile, le cours actuel de l'or devrait amener l'Okimo (la société aurifère nationale) et le gouvernement à chercher d'autres financements et ne pas se contenter des 113,6 millions de dollars du rachat des parts par les sud africains. La Société civile pense que le gouvernement de République démocratique du Congo (RDC) recommence à signer des contrats léonins (en sa défaveur), comme cela était le cas avec la Chine.

Il y a quelques jours (voir AFRKARABIA du 4 novembre 2009) le vice-ministre des Mines congolais annonçait vouloir revisiter 25 contrats miniers et consulter les études des entreprises concernées et se réserver le droit de "prolonger la date limite ou de retirer les permis". Le Vice-ministre annonçait également vouloir "confier ces actifs miniers entre des mains capables" et revoir les contrats qui ne lui permettait pas de réaliser des bénéfices. Avec cette cession de parts d'Okimo à Randgold et Anglogold, les bonnes intentions du gouvernement congolais semblent une fois de plus s'éloigner. On est en droit de se demander aussi, qui est aux commandes du secteur minier en RDC ? La Société civile demande au chef de l'Etat, Joseph Kabila, d'interdire la vente d'actions d'entreprises publiques "qui sortent de la revisitation".

Christophe Rigaud

Photo : RDC 2006 (c) Christophe Rigaud


06 novembre 2009

RDC : Un nouveau groupe rebelle voit le jour

L'événement est passé relativement inaperçu, mais la création d'un nouveau mouvement rebelle au Kivu est révélatrice de la dégradation de la situation sécuritaire à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC). Le CPC, Mouvement collectif pour la Protection et la promotion du Congo, vient en effet de voir le jour à Goma, le 3 novembre 2009. Simples aventuriers ou véritable groupe armé, le CPC se revendique du CNDP, des Maï-Maï et des Pareco Fap et s'engage notamment à lutter contre les FDLR. Tout un programme à prendre au sérieux... ou pas.

Image 1.pngLe CPC dit regrouper des anciennes composantes Pareco Fap, Cndp, Maï-Maï Kifuafua, Maï-Maï Mongol, Ujps, Apols et Indépendant. Un attelage hétéroclite ou se côtoient "pro rwandais" du CNDP et Maï-Maï "patriote". Pourtant, ces différents groupes armés, très dans la région, se retrouvent aujourd'hui intégrés dans l'armée régulière (FARDC). Alors d'où viennent ces membres dissidents ? Dans le texte constitutif du CPC, ses membres déclarent s’unir "pour les intérêts suprêmes de notre région du Kivu et de tout son peuple" et "lutter contre les FDLR". Le CPC s'éteindra t-il aussi vite qu'il est apparu ? Toujours est-il que la reconstitution, ou la seule volonté de reconstitution de groupes rebelles est toujours une mauvaise nouvelle pour la stabilité du Kivu. Depuis plusieurs semaines, la situation se dégrade fortement à l'Est de la RDC ou la violence regagne du terrain. De bien mauvaises nouvelles pour l'avenir du Kivu...

05 novembre 2009

RDC : Le procès Bemba débutera le 27 avril 2010

Il faudra encore un peu de patience à Jean-Pierre Bemba. La Cour pénale internationale (CPI) vient de fixer au mardi 27 avril 2010 la date d'ouverture du procès dans l'affaire du Congolais Jean-Pierre Bemba, accusé de crimes contre l'humanité commis en République centrafricaine entre 2002 et 2003.

DSC03857 copie.jpgJean-Pierre Bemba Gombo serait pénalement responsable, pour avoir effectivement agi en qualité de chef militaire, de deux crimes contre l'humanité (meurtre et viol) et de trois crimes de guerre (meurtre, viol et pillage), prétendument commis sur le territoire de la République centrafricaine au cours de la période comprise approximativement entre le 26 octobre 2002 et le 15 mars 2003.

Après son arrestation par les autorités belges, conformément à un mandat d'arrêt délivré par la Chambre préliminaire de la CPI, il a été transféré à la Cour le 3 juillet 2008. Il est actuellement détenu au quartier pénitentiaire de la CPI à Scheveningen, à La Haye.

Photo : Jean-Pierre Bemba en campagne - Kinshasa 2006 (c) Christophe Rigaud

04 novembre 2009

RDC : 25 contrats miniers seront révisés

Le vice-ministre des Mines, Victor Kasongo Shomary, envisage de résilier 25 contrats miniers avant le mois de décembre 2009. Le gouvernement congolais semble vouloir reprendre la main sur le secteur minier, trusté notamment par les entreprises chinoises. La République démocratique du Congo souhaite revoir les contrats qui ne lui permettent pas de réaliser des bénéfices.

DSC03955 copie.jpgLe ministère des Mines veut pouvoir consulter les études des entreprises concernées et se réserve le droit de "prolonger la date limite ou de retirer les permis". Le Vice-ministre veut "confier ces actifs miniers entre des mains capables".

photo : RDC 2006 (c) Christophe Rigaud

03 novembre 2009

RDC : Les 505 morts de Kimia II

Les massacres commis par les FARDC entre mars et août dernier au cours de l'opération Kimia II viennent d'être chiffrés par l'ONG Human Rights Watch (HRW). Triste bilan : au moins 500 civils ont été tué par les troupes régulières congolaises (FARDC). Des chiffres embarassants pour Kinshasa, qui les juge "irresponsables et criminels".

Human Rights watch logo.jpgHuman Rights Watch vient de rendre public son rapport sur les massacres de l'opération de sécurisation Kimia II. Selon Anneke Van Woudenberg, de l'ONG américaine, son enquête précise que « nous avons des informations des crimes de guerre commis par les soldats des FARDC. Cette fois-ci, on a des informations des massacres des civils dans la région de Nyabiondo et de Pinga au Nord-Kivu. Là, nous avons documenté au moins de 270 personnes tuées par les soldats des FARDC, la plupart en août de cette année. Mais, en fait maintenant, nous avons ici un total de, au moins 505 civils tués par les soldats des FARDC depuis le début des opérations Kimia II.»

Dans son rapport, HRW précise que "la plupart des victimes des massacres d’août dans les villages de Mashango et de Ndoruma étaient des femmes, des enfants et des personnes âgées. D’autres avaient été découpées à coups de machette, battues à mort avec des gourdins ou bien abattues au moment où elles tentaient à s’enfuir". D’après la chercheuse de l’ONG, dans tous les cas documentés, les soldats FARDC prenaient les civils comme des collaborateurs des FDLR ou de leurs alliés. Human Rights Watch accuse également dans le même communiqué les FDLR d’avoir tué de leur côté au moins 630 civils dans la même région et durant la même période.

Le ministre de la Communication et Media et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, qualifie le rapport de HRW de « non seulement illégitime, mais irresponsable et même criminel.» Il explique que les FARDC, une armée nationale d’un pays souverain, sont en train d’exercer leurs devoirs constitutionnels de sauvegarder le pays d’une attaque terroriste des groupes étrangers, définis comme tel par le droit internationale. Pendant ce temps, fait remarquer Mende, « ces messieurs de Human Rights Watch s’amusent, parce qu’ils veulent conserver leurs débouchées humanitaires dans ce pays, à démobiliser la communauté internationale pour que le Congo reste cette jungle où l’on se tue à souhait et où l’on a besoin de Zorro et de Tarzan, comme ces messieurs de Human Rights Watch.»

02 novembre 2009

RDC : Qui menace François Muamba ?

Le secrétaire général du MLC, François Muamba se dit menacé de mort. Une série de SMS lui demande de démissionner de ses fonctions au sein du parti de Jean-Pierre Bemba. La violence des messages a poussé des députés du Kasaï à soutenir publiquement François Muamba et s'inquiètent de ces dérives. Pour de nombreux observateurs, ces menaces de mort ne sont pas sans rapport avec la campagne électorale dans la province de l'Equateur où certains députés MLC souhaitent faire cavaliers seuls.

Image 2.pngPar deux fois en deux jours, le secrétaire général du Mouvement de Libération du Congo (MLC), François Muamba a reçu des SMS hostiles lui demandant de démissionner de ses responsabilités au MLC. Le deuxième SMS, plus violent, est signé Joris Nkombe et se résume selon Africanews par ces mots : "plainte de trahison, insécurité, désaveu de Muamba, ultimatum, incursion". Sur son site internet www.mpdc.fr, Joris Nkombe demande ouvertement la démission de Muamba, estimant que celui-ci "n'est plus qualifié pour mener le combat".Ces menaces semblent donc bien venir de l'Equateur, où se déroulent des élections provinciales sous tensions (voir Afrikarabia du 1 novembre 2009).

Face aux menaces sur François Muamba, des députés des deux Kasaï demandent une mise au point de Jean-Pierre Bemba et du MLC et de garantir la sécurité de son secrétaire général. Ils souhaitent aussi que les "notables de l'Equateur enterrent la hache de guerre".

Christophe Rigaud

31 octobre 2009

RDC : Kinshasa sauve une fois de plus le soldat Ntaganda

Le gouvernement congolais ne remettra pas à la Cour pénale internationale (CPI) l'ex-chef rebelle Bosco Ntaganda, recherché pour crimes de guerre. Son porte-parole, Lambert Mende, précise que "les chicaneries autour des poursuites à engager sans délai sont de nature à infliger à ce pays fragile un remède pire que le mal". Pour Kinshasa, livrer Ntaganda compromettrait les chances de paix au Kivu. Ntaganda sauve sa tête une fois de plus... jusquà quand ?

Image 3.pngLe président Joseph Kabila avait prévenu : "la paix et la sécurité du Nord-Kivu passent avant toute chose", quitte à protéger un criminel de guerre. Depuis le début de l'année les pressions de la communauté internationale se sont multipliées, demandant au gouvernement de République démocratique du congo (RDC) de leur remettre Bosco Ntaganda, ex-chef d'état-major de la rébellion congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), intégré au grade de général dans l'armée congolaise. Officiellement assigné à des fonctions non opérationnelles, en réalité Ntaganda est un des responsables de la campagne Kimya II, engagée par les forces armées congolaises (FARDC) contre les rebelles hutus encore présents au Kivu.

27 octobre 2009

RDC : Les faux documents de l'affaire de Dieuleveult

La thèse du meurtre de Philippe de Dieuleveult a du plomb dans l'aile. Il y a un an, la revue XXI, affirmait que l'animateur français, n'était pas mort de noyade dans les rapides d'Inga (RDC), mais avait été assassiné par les services secrets zaïrois de l'époque. Un procès verbal d'audition révélait les mobiles suposés du meurtre : Philippe de Dieuleveult était un membre des services secret français (DGSE)... en mission. Or, une enquête française vient de démontrer que le document est un faux. Un document, acheté 150 dollars par la journaliste de la revue XXI.

Image 5.pngDans son enquête de 2008, le magazine XXI affirmait que le 8 août 1985, deux jours après la disparition officielle des sept membres de l'expédition "Africa Raft" près de la centrale électrique d'Inga, Philippe de Dieuleveult était interrogé à Kinshasa par un commandant de la "Division spéciale présidentielle" (DSP), la garde personnelle du président Mobutu. Le PV (procès verbal) de l'audition était même reproduit dans la revue.

Mais une enquête du parquet de Paris vient de conclure que e document "n'est pas authentique". Une information confidentielle publiée par le site du Point.fr. Pour les enquêteurs, la signature de Philippe de Dieuleveult qui figure sur ce document "a été scannée, puis rehaussée à l'encre". D'autres incohérences ont été relevé par les policiers, comme la mention d'un tournage de l'émission "La chasse au trésor" au Tchad... émission qui n'a jamais été tourné. Une "erreur" sur le nombre des enfants de l'animateur français au moment des faits est également présente sur le PV d'audition... autant d'informations qu'auraient pu vérifier la journaliste Anna Miquel avant la publication de l'article.

La journaliste de XXI reconnaît avoir acheté ces documents pour environ 150 dollars mais assure qu'ils "contenaient des informations précises et crédibles" qu'elle n'avait "aucun moyen de faire expertiser". Pour Anna Miquel, le doute subsiste : "cela ne remet en question ni la thèse de l'assassinat ni la qualité de mon enquête". Affaire à suivre.

Christophe Rigaud

Photo : fleuve congo 2005 (c) Ch. Rigaud

24 octobre 2009

RDC : Le procès Bemba prévu début 2010

C'est du côté de Bangui, la capitale centrafricaine, qu'il faut regarder pour comprendre que la tenue du procès de Jean-Pierre Bemba devant la Cour pénale internationale (CPI) est imminente. Une opération de séduction et d'information à grande échelle est en effet lancée ce mois-ci, en Centrafrique, par la CPI. Une importante campagne télévisée vise à s'assurer de la collaboration de la population à l'enquête contre de l'ex leader congolais et à faire accélérer le procès. Plusieurs sources, proches de l'enquête, confirment que le procès de Jean-Pierre Bemba débuterait au premier trimestre 2010.

DSC03995 copie.jpgLa coïncidence est en troublante. Comment expliquer le démarrage de cette campagne de sensibilisation de la population, si ce n'est pour annoncer le prochain procès de Jean-Pierre Bemba ? Dans cette instruction, de nombreux témoignages importants sont encore attendus et la CPI cherche ainsi à éviter les désistements et rétractations de dernière minute. Ce programme de sensibilisation est aussi destiné à recueillir de nouveaux témoignages au sein de la population, principale victime des exactions imputées aux troupes de Bemba.

Rappelons que le leader du MCL et ancien vice-président de République démocratique du Congo, Jean-Pierre Bemba, est accusé de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité commis par sa milice entre 2002 et 2003 en République centrafricaine. A l'époque, les troupes de Jean-Pierre Bemba étaient venues en aide au président Ange-Félix Patassé. Patassé est pourtant le grand absent du procès. Mais les centrafricains ne voient pas comment Ange-Félix Patassé pourraient échapper au procés Bemba... au moins en tant que témoin. En Centrafrique, on ne comprend en effet pas pourquoi la justice internationale s'en prend au Congolais Bemba, alors que celui qui l'a invité à venir se battre dans le pays, n'est pas inquièté.

Tous les efforts de communication de la CPI n'arriveront donc pas à masquer les ambiguïtés de l'affaire Bemba. Alors qu'Ange-Félix Patté, de retour dans son pays, sera libre de revenir aux affaires en se présentant aux élections présidentielles de 2010 en Centrafrique ; Jean-Pierre Bemba, va bientôt entamer sa deuxième année en prison, loin des préparatifs de la présidentielle de 2011 en République démocratique du Congo.

Christophe Rigaud

photo : Jean-Pierre Bemba à Kinshasa en 2006 (c) Christophe Rigaud

23 octobre 2009

RDC-ANGOLA : Vers une guerre du pétrole ?

Les incursions de l'armée angolaise en République démocratique du Congo (RDC) se suivent... et se ressemblent. Des soldats angolais occupent depuis quelques jours le territoire de Tshela, au Bas-Congo, à 200 km à l'ouest de Matadi. Des ONG locales demandent une réaction du gouvernement congolais... en vain pour le moment.

Image 1.pngLes villages de Mbata Yema et Kata Kangu ont été vidé de leurs habitants. La population a fui les incursions répétées de l’armée angolaise. Des militaires angolais patrouillent régulièrement dans cette zone, a indiqué une ONG locale. Selon l'Unapadec, "les villageois ne vont plus dans leurs champs depuis plus d’une semaine, par crainte de la présence des militaires angolais. Ces soldats ont installé leur campement précisément dans les forêts des villages Kata Kangu et Kikwango Mbemba". Ces incursions armées à répétition au Bas Congo affectent la production agricole. "Celle-ci a diminué et déjà la malnutrition s’installe", selon un responsable de l’Unapadec.

Vendredi, radiookapi.net essaie de joindre des hauts responsables du gouvernement congolais, qui affirment "n’avoir pas reçu de rapport sur une quelconque incursion des soldats angolais dans la province du Bas Congo, promettant toutefois de vérifier cette information". Ces responsables congolais veulent d'abord vérifier les faits sur le terrain, "il y a tellement des rumeurs qui circulent dans ce pays".

Depuis février 2007, les incursions angolais se suivent à rythme régulier. Le conflit frontalier qui oppose l'Angola à la RDC est abordée en octobre 2007, où des experts congolais, angolais, portugais et belges se retrouvent à Bruxelles pour traiter le dossier. En mars 2009, une autre incursion angolaise est signalée dans les villages de Sava Ina et Kuzi.

Les raisons du conflit sont à chercher dans l’exploitation du pétrole aux larges de l’océan Atlantique. L’Angola ne semble pas apprécier la délimitation des espaces maritimes de la RDC. Une mission permanente de l’Angola auprès des Nations unies l’a fait savoir : "le gouvernement angolais rejette la délimitation unilatérale de toutes les zones maritimes, y compris le plateau continental et demande l’application des règles du droit international, et l’application de la jurisprudence internationale en la matière ". Seule une vraie négociation bilatérale entre la RDC et l'Angola peut maintenant éviter le pire : l’ouverture d’un nouveau front à l’ouest, entre la RDC et l’Angola.

Christophe Rigaud


17 octobre 2009

RDC : Nkunda sans nouvelle de Kagame

Les avocats de Laurent Nkunda n'en reviennent toujours pas. Depuis début octobre, ils sont toujours sans nouvelle de leur demande de rencontre avec le président rwandais, Paul Kagame. Mais plus inquiètant pour eux, la Haute Cour Militaire de Kigali vient récemment de refuser de donner suite à la requête de mise en liberté de l'ex chef rebelle congolais. Devant le "silence radio" de Kigali, la défense de Laurent Nkunda dénonce l'obstruction du Rwanda en "violation avec les droits fondamentaux" du prévenu. L'encombrant général rebelle semble donc bel et bien condamné à rester en prison, alors que Kigali et Kinshasa poursuivent leur délicat rapprochement diplomatique.

Image 1.pngSelon les avocats de Laurent Nkunda, le Président de la Haute Cour Militaire a refusé de convoquer une audience pour juger la requête de mise en liberté de Laurent Nkunda, sous prétexte "qu’une autre juridiction est déjà saisie de l’affaire". Après de nombreuses demandes de remise en liberté, les avocats du prévenu estiment que "de nouveau, les droits fondamentaux de Laurent Nkunda sont violés car la justice rwandaise refuse de se prononcer sur la légalité de sa détention".

La défense de Laurent Nkunda ont donc l’intention de s’adresser à la Cour Suprême de la République du Rwanda, la plus haute juridiction au pays. L'avocat de l'ex rebelle se dit "très déçu par la tournure des évènements. Dans un pays qui se dit gouverné par la règle de droit, les tribunaux doivent protéger les libertés individuelles, ce qui n’est manifestement pas le cas ici. Cela dit, je ne suis pas découragé pour autant, il nous reste la Cour Suprême et j’ai confiance qu’elle acceptera de se prononcer sur la détention illégale de Laurent Nunda".

Christophe Rigaud